Envelopper la souffrance

Quand nous sommes complètement pris par la souffrance, par ses secousses parfois inattendues, quand nous nous sentons portés par la douleur, incapables de retrouver pied, quand nous avons l’impression que rien ne pourra nous calmer, il ne sert à rien de se battre contre cet état. Certaines situations de vie créent de la souffrance, petite ou grande, telle est la vie…

Accepter ce qui est présent

Nous avons alors généralement le réflexe de chercher une méthode qui nous aidera à nous « débarrasser » de cet état, nous souhaitons rapidement remplacer la souffrance par un ressenti plus doux. Pourtant, cette réaction peut créer l’effet contraire, comme si tout notre corps s’y refusait « Comment pourrais-je me sentir mieux alors que… que je me sens si mal, si moche, que je suis si triste, que ce que je vis ne fait pas de sens, que je côtoie la mort, la maladie, que je suis témoin de la souffrance, que mon corps est douloureux… »

Les drames de la vie sont nombreux, et la souffrance est légitime, chercher à la nier n’aide pas, il faut en prendre soin.

Thich Nhat Hanh dans ses méditations nous ramène souvent au pouvoir de la respiration. Parfois, nous avons l’impression que c’est tout ce qu’il nous reste : le souffle. Alors cette technique d’autohypnose, une adaptation de ses méditations, inspirée par la sagesse des enseignements de ce maître bouddhiste, pourrait amener un certain apaisement dans les moments de turbulence, de tristesse, de colère, de découragement.

Inspirer et expirer avec la souffrance

Prenez la position de votre choix, celle qui vous réconforte, vous fait du bien.

Vous êtes invité à adapter cette technique selon ce que vous vivez en lien avec la souffrance. Cette technique repose sur une phrase et nous permet de passer d’un aspect à l’autre à partir de la respiration. Voici la phrase qui nous guide :

J’inspire, je regarde la souffrance, j’expire, je prends soin de cette partie de moi qui souffre (ou je prends soin de mon corps qui souffre).

La phrase ici est surtout importante pour guider le mouvement : on inspire, on regarde, on expire, on prend soin.

Pendant l’inspiration, je regarde la souffrance, juste un instant, où elle est dans mon corps, ce que cela crée comme sensation, les parties contractées, douloureuses, apeurées. Je peux regarder dans un premier temps la souffrance dans son ensemble, et ensuite regarder une partie à la fois. Ou au contraire, je peux regarder une toute petite partie de souffrance, et avec le temps la regarder dans son ensemble. Certaines personnes débuteront par les pieds et termineront par la tête, ou le contraire. Il n’y a pas de «meilleure» manière de faire, chacun procédera comme il le souhaite. L’important est de respecter son rythme, de le faire à sa manière.

Pendant l’expiration, je prends soin du corps qui souffre, de la tête, de la partie souffrante, comme si je prenais un enfant dans mes bras, comme si j’enveloppais mon corps, d’une couverture, de chaleur, d’amour, de douceur. Encore une fois, il n’y a pas de «meilleure» manière de faire, comment puis-je le faire pour moi? Je peux bercer mon corps, ou une partie de mon corps, je peux respirer à l’intérieur, lui laisser plus d’espace, comment puis-je prendre soin de mon corps ? De ma partie souffrante ? Peut-être qu’il y a certaines images qui m’aident, le mouvement des vagues, une couverture qui m’enveloppe, une lumière, peut-être que je me laisse bercer par le son de ma respiration ou j’imagine le vent qui souffle sur les feuilles des arbres, j’entends le tic-tac d’une vieille horloge. Peut-être que je m’imagine me bercer, moi, enfant, bébé… Peu importe ce qui monte, ce qui s’installe, l’important est de rester attentif à la souffrance et d’en prendre soin, on ne cherche pas à nier, cacher, ni même à transformer. On ne cherche pas à essuyer les larmes, on les laisse couler. On prend soin de ces larmes, comme si on les laissait s’accumuler dans un bol ou entre nos mains. Si cela apaise l’état de souffrance, on accueille, mais ce n’est pas le but recherché. L’important est de prendre soin de mettre en lumière la souffrance.

J’inspire et j’expire en suivant ce rythme : regarder et prendre soin

Tout le temps nécessaire ou possible pour moi à ce moment…

Je me remercie d’avoir pris ce temps pour moi.

Cette technique est utile pour apaiser la souffrance dans des moments sporadiques, mais si ces moments sont de plus en plus fréquents, ou qu’ils deviennent un état habituel, il est important de consulter.

Malheureusement, pour plusieurs raisons, nous attendons souvent bien longtemps avant de demander de l’aide. Plus nous sommes pris par la souffrance, moins nous sommes disposés à réfléchir adéquatement à des solutions ou à développer une nouvelle vision, une nouvelle perspective, et par le fait même il devient plus difficile d’aller chercher l’aide nécessaire. Il n’y a aucune honte à aller voir un médecin dans une situation d’urgence ou préventive, il n’y aucune honte à aller chercher toute l’aide nécessaire, aucune honte à consulter. En cas de doute, il vaut mieux faire les démarches.

Je vous recommande la lecture du livre : Prendre soin de l’enfant intérieur : Faire la paix avec soi, de Thich Nhat Hanh, Belfond.