Pour un doux Noël…

Certains attendent avec impatience les chansons de Noël, apprécient les nombreux rassemblements et s’émerveillent des décorations et de la magie de Noël. D’autres regardent avec angoisse ou frustration les secondes qui les séparent de cette période de fête. Pourquoi Noël crée autant de réactions ? Et comment apprivoiser et calmer les états ressentis ?

Bien sûr, il y a tous ces souvenirs qui remontent à la surface à chaque Noël, lorsqu’ils sont doux et agréables, ça se passe plutôt bien, mais parfois les fêtes sont associées à des éléments dérangeants, désorganisant ou déplaisants. Il n’est jamais trop tard pour prendre soin de ces souvenirs et diminuer la charge émotive qui y est liée.

Ensuite, il y a tout l’aspect des rassemblements.

L’organisation : Ne pas savoir comment, où, et quand cela se passera peut créer du stress. Si autrefois tout était organisé et stable, maintenant, avec les horaires de travail variables, les séparations et les familles reconstituées de plus en plus nombreuses, rassembler tout le monde relève de l’exploit ! Trouver une date et chercher à rassembler un plus grand nombre de personnes peut amener de nombreuses émotions, selon les attentes de chacun. Parfois nous cherchons à accepter la situation et nous évitons nos émotions, il vaut mieux les accueillir. La peine de savoir qu’il y aura des absents, la culpabilité, peut-être, de ne pas avoir trouvé de date adéquate pour tous, la colère envers la belle-famille qui ne coopère pas. Les émotions devraient être reconnues, nommées, et ressenties avant d’être acceptées.

Le repas : Avec les allergies, les intolérances et les différents régimes alimentaires, le repas de Noël peut devenir un vrai casse-tête, ceci bouleverse les habitudes, demande de l’adaptation et peut sembler plus difficiles pour plusieurs. Dans ce cas-ci, demander de l’aide plutôt que de chercher à tout faire comme autrefois et simplifier le menu permettra de rendre le repas plus agréable.

Les cadeaux : Fini les gros et nombreux cadeaux emballés et décorés de fil métallique, pas de plastique, pas de piles, les exigences (selon la perception de chacun !) sont nombreuses. Les prises de décisions, les manières de faire différentes, les valeurs qui changent amènent les gens à diminuer leur consommation, à tendre vers une diminution des déchets et peuvent donner l’impression à l'entourage de ne plus pouvoir offrir comme ils le souhaitent. Donner un cadeau étant parfois associé à l’idée de penser à l’autre, souhaiter lui faire plaisir, donner de l’amour, avoir l’impression de ne plus offrir ou de devoir le faire sous certaines conditions peut être dérangeant. Seules la communication et la flexibilité permettront de trouver un compromis.

Les traditions : L’attachement aux traditions influence la perception des changements. Qu’est-ce qu’une tradition pour moi ? Pour les autres ? Un désir de mémoire ? Des règles obsolètes ? Des coutumes gardiennes de notre passé ? Un don de nos familles ? Réfléchir à tout cela aide à mieux comprendre nos réactions et émotions.

La gestion familiale : Lorsqu’on se retrouve en famille, avec un ensemble de personnes que l’on côtoie principalement lors de fêtes, il se produit une situation particulière, les gens qui nous entourent, non conscients de nos changements nous ramènent dans nos mêmes vieux rôles, et nous voilà affublés de nos vieilles étiquettes ! Tant pis pour la thérapie de la dernière année, on se retrouve au même point, dans le rôle de celui ou celle qui… chiale tout le temps, qui se plaint sans arrêt, qui sait tout ou qui fait toujours des gaffes… Et parfois, le stress, la situation nous ramène dans nos vieux rôles ne sachant plus comment faire et réagir autrement. Puis, nous regardons les autres avec ce même regard figé, nous attendons et nous endurons : les blagues de mauvais goût, la rigidité, le bavardage incessant, les manières contrôlantes, l’orgueil démesuré… de l’un, de l’autre… de nous. Cette attente réciproque nous enferme dans des échanges relationnels stagnants.

Noël, si nous n’y prenons pas garde, peut devenir un moment de répétition incessant, tel le jour de la marmotte, avec les mêmes situations, les mêmes sujets de conversation. Prisonnier de notre rôle, fatigué, coincé, il est difficile de rester créatif et à l’écoute.

La nostalgie : Pour plusieurs, Noël suivi du début de la nouvelle année fait prendre conscience du temps qui passe. Les deuils, les pertes, la vieillesse. Comme si tout à coup, nous ne pouvions plus nous empêcher de voir la réalité telle quelle est. La vie est changement, elle se transforme, le temps passe et chaque année nous rapproche un peu plus d’un départ. Si enfant, ces notions pouvaient se cacher derrière les lumières étincelantes de nos décorations, en vieillissant, nous voyons plus clair. Ce temps d’arrêt, surtout s’il est inconfortable, est nécessaire au processus du deuil de la vie, car après tout nous prendrons tous le même chemin.

Comment rendre cette période plus douce ? En observant, en étant à l’écoute de nos émotions, et en prenant soin de ce qui se passe en nous. Consulter avant ou après les fêtes peut aider à traverser cette période avec plus de douceur. Diminuer les réactions, chercher à les nier ou les juger et critiquer ne fera qu’ajouter de la peine et de la souffrance à ce qu’on vit. Discuter, expliquer, raconter ce qui se passe en nous nous permet de prendre conscience que nous ne sommes pas seul.e.s. Il est intéressant de vérifier si un ressenti est encore lié à la réalité, ou si au contraire ce n’est devenu qu’une habitude. Par exemple, si pendant plusieurs années les fêtes ont été synonymes de conflits, je peux faire l’association Noël-conflit et anticipé les fêtes, puis ressentir un malaise, une appréhension, même si tout s'est bien passé les dernières années. Dans ce cas je devrais prendre le temps de me rassurer, chaque fois que celui-ci se manifestera. Alors, si vous ressentez un inconfort (stress, impression de manquer de temps, d’être submergé) à l’approche des fêtes sans savoir pourquoi, vérifier si cela est représentatif de votre réalité présente et réfléchissez à ce qui s’est passé dans les dernières années. Est-ce que je m’attends aux mêmes désagréments que par les années passées ?

Aussi, peu importe les difficultés auxquels nous devons faire face pendant les fêtes, voir ceci comme un choix nous enlève notre part d’impuissance. Je choisis d’aller à cette réunion familiale pour ma mère, pour mon père, pour mes enfants malgré… Il est possible de regarder la soirée comme un jeu, un défi plutôt que comme une corvée : « Que pourrais-je répondre aux remarques désobligeantes de mon frère ? » « Comment vais-je réagir devant l’habituel air bête de ma collègue de travail » Les changements demandent de l’adaptation, et celle-ci peut être plus ou moins facile selon notre vécu, nos valeurs, nos perceptions. Il n’y a pas de jugement à avoir envers les ressentis qui surgissent face à l’arrivée de Noël, tranquillement, avec de la patience et de la douceur, chacun trouvera ses solutions et son espace de paix.

Caroline Breault