La gentillesse est une qualité

On l’oublie parfois.

On nous a dit qu’il ne fallait pas être trop gentil, trop fin, trop généreux. Les personnes gentilles sont souvent dénigrées, ridiculisées. On s’amuse de leur naïveté, de leur bonté.

Pourtant, devant l’enfant, devant le malade, devant l’être vulnérable peut-on réellement être trop gentil ?

«Elle s’est fait avoir, elle est trop bonasse»

Quand une personne abuse ou profite d’une personne gentille, devrait-on faire porter à cette dernière le poids de la responsabilité ? Est-ce juste de lui dire qu’elle s’est laissé faire, de lui faire croire qu’elle a mérité ce qui lui est arrivé ?

Un état de méfiance engendre une vision négative du monde. Être dans l’inquiétude, à l’affût d’une possible menace, être à la recherche de l’hypocrisie, voir constamment de la malhonnêteté est épuisant.

Notre perception de l’autre devient déformée par notre inquiétude. Nous pouvons alors confondre sa réaction de stress, de peur ou d’ignorance avec de la malveillance.

Même s’il est bien d’apprendre à éviter de se placer dans une position de vulnérabilité, dans certaines situations, n’est-ce pas normal d’avoir de la difficulté à reconnaître un comportement que nous n’aurions jamais pensé avoir ? N’est-ce pas normal de faire confiance à des proches? N’est-ce pas naturel de vouloir soutenir et aider des gens qui nous entourent ?

Dans les relations malsaines où il y a abus de pouvoir, manipulation, contrôle, chantage, agressivité, tromperie, la perte des repères n’est pas surprenante. La difficulté à comprendre et interpréter les gestes de l’autre s’explique par la complexité des êtres humains, cela n’a rien à voir avec l’intelligence.

Quand nous décrivons la gentillesse comme un défaut, comme une tare, une anomalie, nous normalisons l’égoïsme, la cupidité, la méchanceté. Nous créons une société de plus en plus indifférente aux autres.

Valoriser la gentillesse, mettre en valeur les qualités du cœur, c’est offrir un environnement rassurant et réconfortant à nos proches, c’est contribuer à un monde un peu plus beau, un peu plus doux.

Retrouvons notre capacité à être gentil, envers les autres et envers soi, sans jugement.

Donnons-nous le droit d’être gentil.

Honorons la gentillesse.

Caroline Breault