Les deux pieds dans boue

Je me souviens petite avec mes bottes de pluie, la façon dont mes pieds, quand ils se retrouvaient dans un trou de bouette, s’enfonçaient comme aspirés, et restaient collés. Je m’en rappelle, il fallait faire un effort pour les sortir, puis selon la grandeur de la botte, faire attention en levant le pied. En allant trop vite la botte restait là, tu te retrouvais rapidement un pied dans la botte, un pied dans la boue… Il fallait forcer, mais idéalement sans paniquer, en sachant que tu pourrais t’en sortir, éviter de faire n’importe quoi… Mais en même temps, c’était pas vraiment important, le but c’était quand même de se sortir de là. Bon, parfois on ne bougeait plus, un peu paralysé à se demander quoi faire. La peur au ventre à l’idée de voir le bas blanc devenir brun. À chercher la meilleure stratégie ? Mais y’a personne qui réussissait à se sortir d’un trou de bouette sans lever le pied. (Sauf si un parent faisait tout le travail, mais alors c’est lui qui réussissait.) Personne ne se sortait d’un trou de bouette en chialant, en critiquant, ou en jugeant les autres… Non, il fallait juste réfléchir, observer, et passer à l’action… On s’entend sortir d’un trou de bouette c’est pas toujours facile, ça colle, ça salit, ça demande parfois du temps, mais on devrait toujours en sortir avec fierté, même quand l’histoire se termine les deux pieds crottés…

Après on lave tout ça, ça prendra le temps que ça prendra…

Caroline Breault