Le temps de respirer

Il m’arrive d’écouter des histoires de vie et d’être complètement fascinée.  Des gens qui délaissent tout et qui repartent à zéro.  Ils font le tour du monde, ils entreprennent des projets, ils changent d’emploi, changent de vie, sur un coup de tête ou...sur ce qui nous semble un coup de tête.  Je les admirais, mais j’ai compris que pour l’instant ce n’est pas ma manière de faire.  Alors, je fais de petits pas et je laisse de côté les attentes.

Il n’y a pas si longtemps, j’observais et j’analysais tous les résultats.  Oui, je l’avoue.  Cette publicité m’amenait-elle des clients?  Cette façon de faire répondait-elle à un besoin?  Cette phrase avait-elle eu l’effet voulu?  Puis le plaisir que je prenais à créer, à partager, à écrire se perdait tranquillement dans les craintes et les espoirs déçus.

Je voulais que tout se passe vite, que tout se passe maintenant.  Il fallait vendre la maison à l’instant où l’on choisit de déménager, quitter son emploi ou son conjoint le jour où l’on constate notre insatisfaction, faire son deuil la journée du décès, guérir au moment où l’on apprend qu’on est malade, pardonner le jour de la trahison, et réussir dès que l’on commence.

Avec le recul, je constate que ce n’est pas toujours si simple.  En effet, parfois nous avons besoin de temps.  Du temps pour vivre notre tristesse, pour reprendre notre vie en main, pour planifier, se réorganiser, pour intégrer ou simplement pour respirer avant de passer à l’action.

Je choisis maintenant de laisser de côté la performance, de laisser de côté la perfection, et jour après jour je construis ma vie.  Je porte mon attention sur les petits gestes que je peux faire, ceux à ma portée.  Pour changer, transformer, modifier, il faut essayer, et essayer implique bien souvent l’idée de réessayer encore, et autrement.  J’ai compris qu’on ne recommence jamais complètement, on repart avec notre nouvelle expérience.

Alors, j’accepte d’être imparfaite, j’agis malgré la peur et les échecs, je persévère même s’il y a des obstacles et je respecte mon rythme.  C’est la façon que j’ai trouvée pour apprendre à être en paix avec moi-même. 

Caroline Breault